25/08/1455 Dans la Foret de Chaux

Sujet: 25/08/1455 Dans la Foret de Chaux Sam 22 Sep - 12:20

Guillaume_de_Jeneffe a écrit:: Averti que tout était en place pour la cérémonie, Guillaume se décida à prendre la route.

- Adrian, on va dans la forêt, tu nous suis? A l'acquiescement de l'enfant, Guillaume le saisit et le prit en croupe, soucieux de détourner son esprit de la tristesse de ces jours.

Ils marchèrent ainsi, silencieux sur leurs cheveux, vers le tertre qui devait recevoir l'acte final de la vie de Bralic. Dans leurs têtes à tous se bousculaient les souvenirs qu'ils garderaient de celui qui fut leur capitaine, leur ami, leur frère, leur père, leur mari. Suivant un page, ils franchirent les gués, les crêtes, les buissons, ignorant de leur destination finale mais désireux de ne quitter le défunt qu'aussi tard que possible. Enfin, ils arrivèrent au pied d'une butte. Recouverte de mousses et d'herbes, elle ne portait nul arbre, que la main de l'homme les en ait ôté ou que son sol pierreux ait empêché la croissance de quelque chêne ou hêtre. Descendant de cheval, il montèrent, suivant le seul charriot contenant le corps sans vie du vicomte, exposé une dernière fois à l'air comtois qu'il aima tant et qui le vit tomber, ultime marche d'adieu. Puis, finalement, le sommet fut atteint. Et sur celui-ci une large plate-forme de bois, construite par des forestiers stipendiés pour l'occasion.

Ensuite, les gardes de Montbarrey soulevèrent le corps et, dans un dernier symbole, portèrent leur maistre sur le bucher, comme tout au long de son existence ils lui avaient apporté aide. Etendu, Bralic recouvrait de ses cheveux ses épaules, portait l'épée en travers de son corps, et imposait par sa masse imposante le respect à tout qui le voyait.

Tout était ainsi prêt, le corps sur le bois, les proches sur le tertre. Guillaume, suivant en cela les demandes de son amie, prit alors la parole: "Proches, amis, frères, enfant, époux, aujourd'hui un être exceptionnel nous quitte, brûlé par ce bûcher qu'il réclama comme il le fut par cette terre qu'il adora. Lui qui fut si souvent présent pour nous, joignant à ses conseils et ses aides le style qui lui était propre, lui qui ne refusait nul combat ni nul banquet, lui dont la silhouette se dessinai si nettement au milieu du monde sombre qui est le nôtre, lui, que je suis fier de compter parmi mes amis, il nous a quitté. Que dire qui ne soit commun, que dire qui n'ait déjà été dit, que dire qui ne soit su de tous? Rien. Mais ce rien est tout, cette absence veut tout dire. Bralic était de ceux qui font tant qu'il n'est nul besoin de se replonger dans les chroniques pour se souvenir des ces actes. Aujourd'hui il rejoint ceux qui l'ont précédé dans la mort, ses amis, ses frères, ses amours, et à ces mots il déposa le portrait de Mary sur son corps, et nous laisse son souvenir et son exemple, que nous ne devons, que nous ne pouvons oublier. Adieu mon Commandeur, au revoir mon ami, à bientôt mon frère, acheva-t-il en se saisissant d'une des torches préparées pour la cérémonie par les forestiers, offrant ainsi le modèle de la fin de la cérémonie...

Sujet: Re: 25/08/1455 Dans la Foret de Chaux Sam 22 Sep - 12:20

Daresha a écrit:: C’est à Dole qu’elle a attendu que le jour fatidique où le Vicomte disparaîtrait cette fois physiquement, se présente. Elle aurait préféré trouver refuge au Castel de Montbarrey mais la mort ne met fin aux devoirs que de ceux qu’elle vient embrasser. Elle a tenté de se changer les idées en travaillant, mais la concentration était dure à trouver. Même mort, il est encore si présent. Il hante ses pensées, son visage, sa voix, ses baisers et ses étreintes qui sont devenus si rares ces derniers temps. Ils auraient du se retrouver. Ils auraient du avoir le temps de reformer ou du moins de former cette famille, leur famille. Ils seraient partis ensemble faire le tour des Royaumes. Ils auraient vécu leur vie ensemble… C’est ce qui aurait du se passer. Mais le Destin en a décidé autrement. Dans un excès de rage, mais également de folie, elle s’empresse de faire voler violemment les parchemins, les plumes, les encriers qui reposaient en toute tranquillité sur le bureau en noyer. La douleur est bien plus grande qu’elle ne l’avait imaginée. Tout aurait été tellement plus simple si elle l’avait vraiment haï. Elle l’avait tant voulu et s’en était souvent persuadée. Vainement. Elle reste de longues minutes, recroquevillée sur son siège, serrant nerveusement dans une main, un pan noir de sa robe en soie. Son regard se perd plus ou moins sur l’alliance qui est encore à son doigt. Lui a encore la sienne. Elle ne l’a pas encore récupérée et envisage de le faire dès son arrivée sur les lieux de la cérémonie. Elle fera fondre les deux bijoux et les portera à son cou en signe de son deuil. Et celui-ci prendra fin lorsqu’elle aura décidé de ne plus les porter.
Courage…
Courage…
Courage…

Elle n’en a à dire vrai pas. Il le faut pourtant. Elle se dit qu’elle n’aurait jamais du laisser Adrian avec Guillaume. Elle demande déjà tant au Chevalier et c’est même lui qui s’occupe du reste de la cérémonie, parce que justement elle n’en a pas eu le courage. Mais le petit garçon n’a pas voulu le quitter, et elle n’a pas eu la force de le ramener a elle. Elle ne sait pas vraiment comment il réagit à la nouvelle. Le temps lui dira bien assez tot. Elle ne sait pas non plus s'il sera la ou non pour la suite des funérailles. Il est jeune. Mais le protéger et le tenir à l'écart des épreuves de la vie n'est point une solution. Trop le materner ne fera pas de lui un homme, elle le sait. Il lui faudra faire certains efforts ce qui, à l'heure actuelle n'est pas vraiment gagné. Elle avisera par la suite...
Un bruit sec à la porte du bureau. Quelqu'un frappe, un homme vu l'ardeur mise dans les coups. Un mot, et la porte s"ouvre sur un homme de type germanique et portant les armes de Montbarrey; c'est un de ses gardes qui vient la chercher pour l'escorter jusqu'au lieu ultime. Il est en effet temps d'y aller. Le soleil commence a tomber afin de rejoindre sa couche.
Bientot les flammes danserront sous l'oeil bienveillant de la Lune pleine.

Resté droit pret de la porte et ne prétant aucune attention à la pièce où une tornade semble être passée, il attend que la Comtesse se décide a la rejoindre. Comme si de rien n"était, elle se releve et se couvre de sa cape de laine sombre. Un signe de tête au soldat et tous deux se mettent en route pour rejoindre les montures qui attendent au dehors. Le chemin jusqu'a la sortie lui semble terriblement long bien que la marche soit des plus rapides. Aucun mot n'est échangé, seules le bruit des claquements de leurs bottes résonnent dans les couloirs vides de toute vie.
Rejoint par d'autres hommes, chacun se met en selle. Le jeune étalon gris de la jeune femme tranche avec les autres montures à la robe sombre. Un autre signe de la Comtesse et le cortège se met en route pour gagner Chaux. L'allure à la sortie de la ville est volontairement vive. Pressée? oui. Pressée d'en finir. Pressée que ce suppplice prenne fin. Pressée que les doutes qui ont pris possession d'elle, cessent enfin. Pressée de pouvoir se retirer loin de tout, et loin du monde. Pressée de souffrir en paix dans son coin. Enfin dans son coin... Elle en connait une qui se rapellera tres certainement a son existence...
- Comtesse...?
Pour seule réponse, un soupir de la jeune femme qui comprend qu'ils sont arrivés à destination. Le reste du chemin se fera a pied. Dans un bruit sourd de tissus, elle met pied à terre et tend les renes a un garde. Le grand blond vient a nouveau se poser pret d'elle. Elle le regarde en silence quelques secondes, repensant à leur première recontre qui n'avait pas été des plus courtoises. Elle avait même été assez virulente : ne la connaissant point et n'ayant pas été averti d'une visite possible par le Vicomte, il lui avait refusé l'accès a Manoir. Déjà fine énervée par une journée difficile au conseil, elle l'avait giflé. Et juste (?) retour des choses, c'est son poing qu'il lui avait retourné. La bête avait été plus forte que la belle. Depuis, ils se supportaient très peu, mais à la mort du Chevalier, le Germain s'était mis au service de ses héritiers. Restant à quelques pas derrière elle, la main sur le pommeau de son épée, il suit la Comtesse à la démarche hésitante. Mais elle reste etonnement droite et fiere, résistant comme elle peut au naufrage.

Il est là.....
Bralic...
Doucement, ne pretant aucune attention autours d'elle, elle s'approche doucement de sa dépouille, tout en dégageant son doux visage aux traits tirés. Lui parait si paisible... Nul doute qu'il a enfin trouvé le repos. Elle mêle une derniere fois ses doigts aux siens, et lui donne un dernier baiser.
Baiser froid de l'adieu.
A Dieu mon Amour... Puisses tu enfin connaitre cette paix que tu as tant cherchée... veilles sur notre fils....
Son regard se pose un instant sur le fameux portrait: Mary... Il va retrouver celle qu'il n'a jamais oublié, celle qu'il a toujours cherché parmi ses nombreuses amantes, celle qu'il n'a jamais retrouvée. Puisse-t-il être enfin heureux. La Haut il est impossible que la vie soit pire qu'ici bas.
Soupire.
Entre ses doigts glissent l'alliance d'or fin du Vicomte. Il ne partira pas avec. Elle la gardera précieusement jusqu'a la fin de son deuil. Ses yeux verts tristes se posent une dernière fois sur le visage du Vicomte puis elle se recule et se retourne. Adrian est là pret de Guillaume. Son regard trahit son incompréhension. Elle s'approche d'eux, cherchant réconfort dans les yeux du Chevalier. Puis elle se place a ses cotés et l'ecoute.
La fin approche.
Elle est là.
Pas bien loin.
Un signe.
Un seul.
Et les flammes s'éleveront.
- Adieu Capitaine...
On lui présente alors une torche qu'elle refuse. La c'est au dessus de ses forces. Lui dire adieu oui, l'aider à redevenir cendres, non. C'est alors qu'une petite voix s'éleve : Adrian.
- A.. dieu Pitaine Papa....
Toujours accroché au Chevalier, il regarde la dépouille de son papa un peu perdu. Adieu. Un bien grand mot pour un si petit garçon. Et se sera le dernier qu'il prononcera avant longtemps...

Sujet: Re: 25/08/1455 Dans la Foret de Chaux Sam 22 Sep - 12:21

Zalina a écrit:: Zalina avait apprit les dernières volontés de son Commandeur. D’abord surprise par le bûcher, elle en fut ensuite presque heureuse. La mère de la jeune fille était Prêtresse d’Avalon. Même si l’Errante était baptisée dans le culte d’Aristote, elle gardait un profond respect des autres croyances. Un grand feu un soir de pleine lune, voilà qui aurait pu être romantique... en d’autres circonstances.
Bralic restait fidèle à lui-même même après la mort, faisant fi des remarques désobligeantes de ceux qui voulaient le changer. Un Grand Chevalier brûlé un soir de pleine lune. Oui, l’idée la fit sourire et ressemblait bien au défunt. Un sourire… c’était la première fois qu’elle souriait en pensant à Bralic depuis l’annonce de sa mort. Sa colère était pourtant encore bien présente.

La jeune fille était revenue en Franche Comté. Mais une fois arrivée au sommet, elle resta immobile de quelques pas en retrait. Elle ne connaissait pas assez le jeune Vicomte ni sa mère pour leur être d’un quelconque réconfort. Elle ne pouvait pas ramener Bralic non plus. Elle n’était d’aucune utilité.
La tête baissée, elle resta en silence dans l’obscurité, fixant les flammes qui léchaient le corps du Commandeur.

Sujet: Re: 25/08/1455 Dans la Foret de Chaux Sam 22 Sep - 12:22

Dame Constance a écrit:: Revenir sur ces terres ... un dernier hommage. Elle ne comptait pas y revenir, et encore moins sous ce déguisement - quelque part c'est pourtant bien elle - ; mais elle a su, il avait demandé à partir en fumée, à retourner cendres, nourrissant l'eau, l'air, le feu et la terre.

Telle une grande Dame, elle avance la tête droite, le visage dissimulé sous son voile noir ; elle a tenu à rester en retrait. Elle n'a pas voulu pénétrer sous la tente, elle préfère garder de Bralic, l'image de l'homme fort et fort vivant, l'image de l'homme aimant, soutenant.

Comment l'oublier ? tirer un trait sur ce qu'il a pu apporter ? Des remords, voilà ce qui la ronge. Elle n'a pas su lui dire qu'elle l'aimait, ni pourquoi elle s'y refusait, malgré tout et malgré elle. Ce n'est qu'à l'annonce de sa mort qu'elle s'est rappelée tout ce qu'elle avait vécu à ses côtés, et tout ce en quoi elle avait progressé.

Discrètement elle regarde Dame Daresha ; elle comprend son chagrin, elle le partage même. Mais, il serait déplacé d'aller la voir sous son vrai visage. Elle sourit finalement sous le voile en repensant aux premières discussions avec le couple ; il faut dire que la situation était plutôt cocasse. Elle se demande même si la Baronne a finalement trouvé un maître d'armes.

Et puis, elle porte un regard attendrissant et maternel sur l'enfant. Adrian ... avait il sans le savoir des demi-frères ou demi-soeurs ? La souffrance de la perte de l'enfant lui revient une fois de plus ; aimer Bralic lui avait coûté beaucoup, elle en avait perdu santé et amis. Elle y avait certainement gagné la vie.

Et puis, sous leurs yeux gonflés de larmes et leurs coeurs remplis de tristesse, le bûcher s'embrase. Les flammes le lèchent et l'emportent, le pire comme le meilleur. Des murmures sortent de sa bouche, soulevant le léger voile. Elle aurait envie de crier et de chanter sa peine, mais ici ça ne se fait pas. La forêt saurait cacher tout ça, plus tard ...

Elle refuse également une torche qu'on lui tend. C'était son choix, pas celui de son entourage. La seule chose qu'elle peut faire, c'est lui laisser un dernier signe, un bout d'elle, un bout d'aile. La tête basse pour cacher quelques larmes trop longtemps contenues, elle dépose au lit des braises un simple morceau de charbon ...

Sujet: Re: 25/08/1455 Dans la Foret de Chaux

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